Assemblée mondiale de l’IFES 2023 : Tabah & Tangguh

Partager des témoignages honnêtes, nourrir une foi résiliente

« Comment c’est d’être chrétien dans votre pays ?

Cela veut dire mettre votre vie en danger… c’est comme s’aventurer en terrain glissant… avec la peur d’être découvert et jeté en prison ou emmené on ne sait où… Pour moi, ça a signifié être assigné à résidence dans ma chambre pendant des années, perdre ma voix parce que je n’avais pas le droit de parler et la menace constante d’être battu, piétiné ou mis en joue sur la tempe s’ils découvraient le livre que j’avais fait rentrer en douce par la fenêtre.

Y a-t-il un espoir pour les chrétiens là-bas ?

– Jésus est l’espoir ! Il y a des ténèbres. Mais Jésus nous utilisera pour rendre possible l’impossible. »

Ces paroles franches et rebelles, prononcées par le président du conseil d’un mouvement de l’IFES de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, incarne parfaitement le thème de l’Assemblée mondiale de cette année à Jakarta : Tabah & Tangguh, des mots indonésiens qui évoquent la force, le courage, la résilience et la persévérance.

Lors de la cérémonie d’ouverture du congrès, Sara Friis Børty a donné le ton en partageant des expériences vécues pendant ses années de ministère pionnier au Groenland. Il ne s’agissait pas de la success story à laquelle on aurait pu s’attendre au lancement d’un grand congrès chrétien. Au lieu de cela, Sara a ouvertement raconté ses difficultés : portes fermées, espoirs anéantis… même après de nombreuses prières insistantes.

C’est ainsi que, parmi les 845 délégués présents (étudiants, équipiers, membres de conseils d’administration et invités venant de 162 pays), chacun a pu s’identifier à ces difficultés. Certains connaissaient la persécution, d’autres la déception, d’autres encore des troubles politiques ou la guerre, et aucun n’avait encore entièrement digéré les pertes et bouleversements causés par la Covid-19. De ce fait, l’invitation offerte par Annette Arulrajah (secrétaire générale adjointe de l’IFES), tirée du psaume 84, était une introduction poignante :

« Venez, voyageurs fatigués… venez, pèlerins en quête… de la désolation à la demeure de Dieu. »

Honnête avec Dieu : La foi résiliente dans les Psaumes

Pendant six matinées, des orateurs de différents âges, arrières-plans et langues ont aidé les participants à examiner et réfléchir à la spiritualité audacieuse et candide des Psaumes : de l’obéissance joyeuse (1-2) aux lamentations interrogatrices (88), du rappel conscient de souvenirs (105-106) à la louange exubérante (145).

Dwi Handayani s’est basée sur ses propres années de crise spirituelle provoquée par un tremblement de terre dévastateur et une trahison personnelle, une crise qui s’est déroulée alors même lorsqu’elle enseignait la théologie au Bandung Theological Seminary. Elle a fait remarquer combien le psaume 88 fait écho à nos propres expériences de douleur et de ténèbres. À travers lui, « nous découvrons le pouvoir d’une lamentation honnête, l’importance de déverser nos cœurs devant Dieu et l’espérance que nous pouvons trouver, même dans les moments les plus sombres. »

Chaque jour, pour accompagner et appliquer l’étude biblique, les participants recevaient des objets liturgiques. Le premier soir, ils ont reçu une carte contenant des graines et l’impression Tabah & Tangguh à ramener chez eux et à planter en symbole de l’obéissance joyeuse. Durant la session sur la lamentation, ils ont reçu de l’argile et ont été invités à la modeler d’une manière qui représentait honnêtement leur relation avec Dieu. 

Le temps en petit groupe s’est révélé être un forum essentiel pour digérer et discuter du message biblique. Conduits par 135 délégués étudiants, chaque groupe comprenait un riche mélange d’opinions et d’expériences, y compris des points de vue venant du terrain et des bureaux, de secrétaires généraux et de membres de conseils d’administration de l’IFES, ainsi que d’autres invités. C’était un précieux moment pour prier ensemble, mais aussi les uns pour les autres.

Le congrès a poussé un peu plus la réflexion sur l’honnêteté et la résilience dans les Psaumes à l’aide de deux éléments supplémentaires. Le premier était un grand hall faisant office de « salle d’art contemplative ». Tout au long de l’Assemblée mondiale, les participants ont pu produire leurs propres œuvres d’art et voir ce que d’autres avaient créé. Le deuxième élément a pris la forme d’une après-midi « Selah ». Inspirée du mot utilisé dans les psaumes pour indiquer une pause, cette « retraite silencieuse » de deux heures a donné à chacun l’occasion de réfléchir à la façon dont Dieu parlait et de rechercher sa direction pour l’avenir.

Un équipier de Papouasie-Nouvelle Guinée a déclaré : « L’une des choses qui m’a vraiment aidé à tout absorber, c’était le moment de Selah : j’ai senti que Dieu m’y rencontrait. »

Honnêteté et résilience face aux questions contemporaines

En plus de rechercher Dieu dans les Psaumes, une dimension tout aussi importante de l’Assemblée mondiale a été le fait de s’engager honnêtement dans les questions contemporaines que les étudiants rencontrent sur tous les campus. Sont compris la nature changeante de l’université, les préoccupations environnementales, les questions de santé mentale, l’appel à la justice et l’importance de l’art et de la créativité. Au travers de plénières nocturnes composées de discours d’ouverture, de performances artistiques et de témoignages d’étudiants, les délégués ont été invités à voir en quoi l’Évangile fournit un cadre pour comprendre ces problématiques, mais aussi le mandat d’y répondre.

En voici un aperçu : Prarthini Selveindran (Singapour) a appelé à l’adoption d’une vision « shalom » de la mission sur campus ; l’étudiante Belyndar (Îles Salomon) a pris un rôle de responsabilité dans la campagne pour que la Cour de justice internationale valide l’avis consultatif sur les changements climatiques et les droits humains ; les témoignages d’étudiants qui s’attaquent aux défis de santé mentale au Mexique, à Hong Kong et aux Fidji ; Lakina Milanzi (Malawi) nous a appelés à ne pas laisser de côté les personnes handicapées ; et les participants ont bénéficié du ministère de Peter Paris (équipier FES en Malaisie) avec son tapi à deux cordes.

Certaines de ces questions ont été explorées à travers une sélection de « Conservatorios » (tables rondes composées d’un panel d’orateurs), tandis que d’autres aspects pratiques du ministère (tels que l’implantation de nouveaux mouvements, le témoignage par l’Écriture, l’éthique du leadership ou la bonne gouvernance) ont été couverts dans divers séminaires l’après-midi. Les délégués ont également fait connaissance pendant les repas, explorant avec honnêteté les difficultés communes du ministère et discutant de façons d’avancer. En fait, c’est à travers ces innombrables rencontres et conversations que les Assemblées mondiales nourrissent et renforcent des liens profonds, construisent la compréhension et établissent la vérité, permettant ainsi de poursuivre notre appel commun.

Bien que les centaines de personnes à l’Assemblée mondiale de Jakarta puissent considérer ces questions ensemble, une innombrable quantité d’autres ne pouvaient être là en personne. Par conséquent, pour la première fois, des groupes d’étudiants et équipiers ont eu l’occasion de participer à distance et en direct à certaines sessions. Environ 100 groupes ont rejoint la diffusion en direct des plénières du matin et du soir, et beaucoup ont rejoint les Conversatorios, posant même des questions aux panels.

Un participant en ligne a écrit ceci : « La diversité que nous avons partagée en tant qu’unique corps du Christ nous a touchés… nous sommes connectés ! »

Rapports et prises de décision honnêtes

Un autre composant essentiel de toute Assemblée mondiale se trouvent dans les réunions de l’Assemblée générale, où des décisions concernant la vie et la gouvernance de l’IFES sont prises par les délégués de (maintenant) 164 mouvements nationaux affiliés à l’IFES. Si ce genre de réunions ne sont pas souvent passionnantes ou émouvantes, celles de Jakarta ont manifestement été marquées d’une profonde honnêteté et intégrité.

C’est avec larmes que Septi Bukula, président du Conseil d’administration de l’IFES, a reconnu combien ces quatre dernières années avaient été difficiles et exigeantes. Et pourtant, il a aussi déclaré que le Conseil avait non seulement été caractérisé par des périodes d’intense réflexion sur l’identité de l’IFES et les défis qu’elle rencontre, mais aussi par une atmosphère d’apprentissage et de reconnaissance. « Nous pouvons dire avec une grande confiance que le Seigneur nous a menés vers une situation plus réjouissante », a-t-il conclu.

Et c’est avec beaucoup de joie que quatre mouvements nationaux ont été recommandés et acceptés à l’unanimité pour l’affiliation à l’IFES : le Student Christian Movement des Bahamas, le Campus Evangelical Fellowship de Taïwan et des mouvements de pays sensibles en Afrique francophone et dans la région MENA (pour en savoir plus, consultez ce Prayerline).

L’assemblée a également reçu des rapports sur la manière dont le Conseil avait réagi avec fidélité et transparence aux motions levées à la dernière Assemblée mondiale, comprenant la demande de révision des structures de gouvernance de l’IFES et la prise en considération d’un document sur la sexualité, le mariage et les relations entre même sexe. À la fin de la semaine, de chaleureux remerciements ont été exprimés aux membres du Conseil sortant et des prières offertes pour les nouveaux membres élus par l’Assemblée générale, y compris le nouveau président Michel Kenmogne (Cameroun).

L’honnête vérité

Que ce soit en votant aux réunions de l’Assemblée générale, en s’attaquant aux grandes problématiques dans les plénières, en réfléchissant aux études bibliques durant le Selah, en apprenant des autres participants en petits groupes ou en partageant des histoires autour du dîner, en toutes choses les participants de l’Assemblée mondiale ne se sont jamais trouvés loin d’un honnête appel à être des témoins qui soient tabah & tangguh (résolus et résilients) à l’université et au-delà.

En revenant sur cette semaine, un délégué a déclaré : « Nous avons un Dieu vivant… un refuge qui est éternel… et il veut que nous nous appuyions sur lui dans les moments difficiles, que nous soyons tabah dan tangguh. »

Une occasion spéciale de marquer cet appel a pris la forme d’une soirée de louange et de prière pour célébrer les 75 ans de l’IFES. La soirée s’est composée de petits messages vidéos inspirants d’anciens secrétaires généraux de l’IFES, de témoignages émouvants de l’audience et d’une courte prise de parole de Tim Adams, l’actuel secrétaire général de l’IFES, qui a souligné le fait que « nous sommes les intendants d’un héritage merveilleux ».

Il va s’en dire qu’un congrès chrétien de cette ampleur pourrait n’être qu’une bulle éphémère de gloire et de battage médiatique. Le résumé précédent montre que ce n’est pas le cas de l’Assemblée mondiale 2023. Le réalisme de la semaine s’est clôturé à juste titre par un service de communion centré sur Jean 15, rappelant à tous que leur force et leur constance viendront du fait de rester connecté à la vigne, à celui qui a souffert pour nous : Jésus.

Au cours de cette cérémonie de clôture, Tim Adams a montré les créations en bambou spécialement conçues pour encadrer la scène et a rappelé aux délégués les paroles d’Annette Arulrajah prononcées à la soirée d’ouverture. Même sous une grande pression, cette plante résistante se plie sans se briser grâce à l’espace creux à l’intérieur. Et c’est seulement quand nous laissons la présence de Dieu remplir cet espace en nous que nous pouvons vraiment être tabah et tangguh.

Un immense merci à tous ceux qui ont joué un rôle dans l’organisation et l’exécution de l’Assemblée mondiale, avec une profonde reconnaissance au mouvement-hôte, Perkantas Indonésie, pour tout leur joyeux service et généreuse hospitalité.

Merci également à ceux qui ont donné pour cet événement, y compris ceux qui ont permis d’avoir des bourses de transport et à plus de 100 délégués de venir.

Enfin, merci à tous ceux qui ont prié. Nous vous invitons à continuer de prier pour les délégués tandis qu’ils retrouvent leurs contextes nationaux et cherchent à appliquer tout ce qu’ils ont appris. 

Lisez des témoignages de l’impact de l’Assemblée mondiale dans ce Prayerline.

Regardez des discours de l’Assemblée mondiale sur notre chaîne YouTube.

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